Le problème du mal : preuve qu’Allah, Jésus, Hachem et tous les autres dieux, s’ils existaient, seraient mauvais et cruels
L’existence du mal sur Terre, mal qui affecte tant les incroyants que les croyants, soulève un dilemme inextricable pour les religieux. En effet, il suggère soit que leur divinité est malveillante, soit que des événements sur Terre échappent à son attention, ce qui remet en question son omniscience, soit qu’elle est incapable d’intervenir, mettant ainsi en doute son omnipotence.
Pour se dépêtrer de ces ronces, les oulémas et leurs ouailles ont avancé les justifications suivantes :
Lorsqu’un mal s’abat sur l’individu, cela peut avoir pour but de le châtier et, s’il est mouslim, d’expier ses fautes, afin qu’il n’ait pas à les expier dans l’au-delà ;
Cela peut également être une épreuve destinée à lui conférer un rang supérieur, un rang qu’il ne parviendrait pas à atteindre sans cette épreuve ; il réussit l’épreuve s’il la supporte sans broncher ;
L’existence du mal sur Terre est un compromis d’Allah permettant au libre-arbitre d’exister : Allah a donné le libre-arbitre à l’Homme, c’est une bonne chose, mais elle implique que l’Homme soit libre de faire le bien comme le mal ; c’est à cause du libre-arbitre des humains que le mal se manifeste ;
Certains croyants vont plus loin et soutiennent que ce n’est pas leur dieu qui est à l’origine du mal mais les humains ;
Allah veut peut-être enseigner quelque chose à travers l’expérience du mal ;
Ceux qui entreront au Paradis prendront d’autant plus de plaisir à y être qu’ils auront souffert ici-bas, car on apprécie mieux une chose après en avoir été privé ;
Même si des crimes restent impunis ici-bas, Allah rendra justice dans l’au-delà ;
Allah fait ce qu'il veut, on ne l’interroge pas sur ses agissements, il détient la sagesse absolue :
« Il n'est pas interrogé sur ce qu'Il fait, mais ce sont eux qui devront rendre compte [de leurs actes]. »
(Sourate 21, verset 23) « Allah affermit les croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l'au-delà. Tandis qu'Il égare les injustes. Et Allah fait ce qu'Il veut. »
(Sourate 14, verset 27) D’après un hadith, Mouhammad aurait dit :
« Par celui dans la main duquel est mon âme, si vous ne commettiez pas des péchés, Allah vous ferait disparaître et vous remplacerait par des gens qui commettent des fautes puis sollicitent le pardon d’Allah, et il leur pardonnerait alors. »
(Sahih Mouslim, 2749)
Réfutation générale
Ces tentatives de justification du mal échouent toutes pour trois raisons :
Premièrement, leurs auteurs minimisent la souffrance et le malheur : ils ne semblent pas savoir qu’il existe des souffrances psychologiques ou physiques atroces et durables, inimaginables quand on ne les a pas vécues ; des peines insupportables, et ce, que l’on soit croyant ou pas.
C’est en raison de cette méconnaissance que les religieux peuvent envisager que certaines récompenses ou objectifs pourraient justifier les souffrances endurées. Ils vident le problème du mal de sa substance en occultant les cas les plus embarrassants, les plus graves.
Le Coran lui-même minimise les faits :
« Nous allons vous éprouver quelque peu par la peur, la faim, l’appauvrissement, des pertes en vies humaines et une diminution des récoltes. »
Deuxièmement, pour chaque but qu’Allah vise prétendument en laissant le mal avoir lieu (le libre-arbitre, des leçons à tirer, l’élévation du mérite et du rang, les louanges et même l’obtention de demandes de pardon…), Allah aurait pu atteindre ledit but sans passer par là, par tant de mal !
Par exemple, Allah aurait pu créer les futurs habitants du Paradis directement en ce lieu de félicité, sans les faire passer préalablement sur Terre pour y torturer certains. (Un hadith dit d’ailleurs qu’Allah créera des gens directement au Paradis.)
Ces justifications éludent donc le problème : pourquoi Allah fait-il souffrir affreusement des gens (croyants ou non, criminels ou non, adultes comme enfants), alors que ce n’est pas nécessaire et qu’il pourrait très bien atteindre les buts recherchés sans cela ? C’est de la violence gratuite.
Troisièmement, le mal qu’Allah fait subir aux gens, sur Terre comme dans l’au-delà, n’est pas proportionné à leurs hypothétiques péchés. Allah destine même des personnes gentilles et honnêtes à l’Enfer ! (Voir l’article « Les mécréants, à l’épreuve de la miséricorde d’Allah ».)
Réfutation individuelle
Passons maintenant en revue les justifications listées en début d’article :
Allah a donné le libre-arbitre à l’Homme, et c’est une bonne chose, mais qui vient au prix de l’existence du mal, car l’Homme est libre de faire le bien comme le mal.
1) Allah aurait très bien pu faire en sorte que les humains ne commettent pas de mal tout en ayant un libre-arbitre (le libre-arbitre relatif islamique). C’est possible puisqu’au Paradis, les humains sont censés demeurer humains et garder leur libre-arbitre tout en ne péchant plus et en ne connaissant plus aucune souffrance !
Même si Allah pouvait doter ses créatures d’un libre-arbitre absolu, totalement hors de son contrôle, il pourrait façonner ses créatures de telle manière que, bien qu’elles soient capables de faire du mal, elles ne choisissent jamais d’en faire, et n’aient jamais envie de commettre des péchés.
2) Mais si on comprend le libre-arbitre comme voulant dire que la créature qui le possède va inévitablement s’en servir pour faire du mal, alors en quoi serait-ce une bonne chose qu’Allah ait permis l’existence de ce libre-arbitre ? C’est hautement criminel, au contraire.
Il aurait pu en faire des créatures sans libre-arbitre mais heureuses, comme les anges, ou au moins nous mettre dans de meilleures conditions (environnement naturel plus sûr, corps et esprits mieux conçus, règles sociétales optimales…), qui ne nous plongent pas dans des souffrances indicibles ni n’engendrent de criminels. Ah et il pourrait aussi sortir de sa cachette, se manifester à tous et trancher dans les différends, afin qu’il n’y ait plus de guerres de religion, par exemple.
3) Tout le mal sur Terre n’est pas dû au libre-arbitre : il y a aussi les catastrophes naturelles, les maladies graves, les accidents, le conditionnement par l’environnement social, la biologie et le vécu…
Ce n’est pas Allah qui est à l’origine du mal mais les humains.
Cela contredit le Coran et la Sounnah, qui décrivent les humains comme n’ayant pas de libre-arbitre absolu (c.-à-d. indépendant d’Allah) et comme ne pouvant pas créer de choses qui ne soient pas décrétées, créées et contrôlées par Allah :
إِنَّ ٱللَّهَ عَلَىٰ كُلِّ شَىْءٍ قَدِيرٌ
Allah a pouvoir sur toute chose.
وَمَا تَشَآءُونَ إِلَّآ أَن يَشَآءَ ٱللَّهُ رَبُّ ٱلْعَٰلَمِينَ
Et vous ne pouvez vouloir que si Allah, le Seigneur des mondes, veut
وَاللَّهُ خَلَقَكُمْ وَمَا تَعْمَلُونَ
C’est pourtant Allah qui vous a créés, vous et ce que vous faites
‘Oubâdah ibn as-Sâmit aurait dit à son fils :
Fils ! Tu ne goûteras pas à la réalité de la foi tant que tu ne sauras pas que ce qui t’est arrivé ne pouvait te manquer, et que ce qui t’a manqué ne pouvait t’arriver. J’ai entendu le Messager d’Allah (ﷺ) dire : La première chose qu’Allah créa est la Plume. Il lui dit alors dit : « Écris ! » Elle demanda alors : « Que dois-je écrire, ô mon Seigneur ? » Il répondit : « Écris ce qui a été décrété concernant toute chose jusqu’à l’Heure [dernière] (la fin du monde). » Fils ! J’ai entendu le Messager d’Allah (ﷺ) dire : Celui qui meurt en adhérant à autre chose que cela n’est pas des miens.
Ces Textes réfutent aussi qu’Allah puisse ignorer le mal qui a lieu sur Terre.
Même si des crimes restent impunis ici-bas, Allah rendra justice dans l’au-delà.
Qu’Allah donne une « compensation » ou « rende la justice » dans l’au-delà n’efface pas le mal qui a eu lieu. Quand un mal a eu lieu, il a eu lieu, et Allah aurait pu faire qu’il n'en soit pas ainsi, alors ça ne l’excuse pas.
Pour penser que ça puisse l’excuser, il faut n’avoir soi-même pas beaucoup souffert dans la vie, et ne pas savoir non plus que l’on peut rejeter l'islam (et ainsi avoir pour toute « réparation » l'Enfer) tout en étant quelqu’un de gentil et honnête.
Lorsqu’un mal s’abat sur l’individu, cela peut avoir pour but de le châtier et, s’il est mouslim, d’expier ses fautes, afin qu’il n’ait pas à les expier dans l’au-delà.
1) Idem : Allah aurait pu faire en sorte que les bonnes personnes, tout en conservant leur libre-arbitre, ne commettent pas de péchés, comme c'est le cas au Paradis. Ainsi, il n’aurait pas à infliger de châtiment pour les expier. Ou, au moins, il aurait pu faire que les « punitions » soient moins dures et que les gens souffrent moins. Les péchés ne justifient donc en rien le mal ; ils ne justifient même pas leur propre existence.
2) La superstition selon laquelle un malheur peut arriver à une personne parce qu’elle a péché ou est mauvaise conduit à un manque d’empathie, de compréhension et de justice envers autrui.
Allah veut peut-être enseigner quelque chose à travers l’expérience du mal.
1) Allah voudrait enseigner quelque chose aux humains par le malheur et la souffrance… c’est très discutable comme méthode d’enseignement. Et pour nous apprendre quoi, au juste ? Qu'il sait faire très mal et très peur ? Ce que l’on ressent quand on est maltraité et abandonné par lui ?
Si c’est pour montrer ce que cela fait d’être coupé des bienfaits d’Allah, que penserait-on d’une mère qui mettrait son enfant à la rue pour lui apprendre ce que cela fait que d’être privé d’un logement ? Ou qui le giflerait et le caillasserait chaque jour pendant vingt ans puis cesserait, pour lui montrer le bienfait que c’est de ne pas subir de violence physique ?
2) D’aucuns citent la conscience morale, la compassion et la responsabilité. Peut-être pourrions-nous ajouter la résilience et l'endurance.
Mais si c’est ça, pourquoi faire ? Vaut-il mieux faire survenir du mal pour avoir ensuite besoin de se servir de telle ou telle qualité pour tenter de l’amoindrir, ou tout bonnement s’abstenir de traumatiser et de faire du mal aux gens ? Et que dire de tous les gens que le mal détruit et ne rend pas plus forts ?
3) Si les qualités ou connaissances susmentionnées sont désirables chez les humains, Allah ne peut-il pas les mettre en eux directement, sans les torturer ? (Bien sûr que si… il peut donner toutes ces qualités à quelqu’un instantanément.)
Cela peut être une épreuve destinée à conférer à l’individu un rang supérieur, un rang qu’il ne parviendrait pas à atteindre sans cette épreuve ; il réussit l’épreuve s’il la supporte sans broncher.
Cela ne justifie en rien l’existence du mal et encore moins celle des « épreuves » insoutenables. Allah pourrait très bien donner tels rang et récompense par le biais d’épreuves moins cruelles, ou même directement (puisqu’il est capable de rendre meilleurs les humains sans action de leur part, en leur donnant instantanément telle ou telle qualité).
Ceux qui entreront au Paradis prendront d’autant plus de plaisir à y être qu’ils auront souffert ici-bas, car on apprécie mieux une chose après en avoir été privé.
Cet argument est absurde, car Allah pourrait très bien donner le même degré de plaisir aux croyants sans leur faire de mal auparavant ; et ce serait mieux pour eux. Il peut donner directement n’importe quelle sensation et l’augmenter indéfiniment, comme le montrent ces hadiths :
Le prophète aurait dit :
Chacune de ses chambres contient des lits, des épouses et des servantes. La moindre de celle-ci est une houri vêtue de soixante-dix habits. La moelle sera visible à travers la chair, les os et même les habits de cette houri. Son cœur sera un miroir pour elle et réciproquement. À chaque fois qu’il s'en éloigne un moment, elle deviendra soixante-dix fois plus belle à ses yeux et il lui dira : « Je jure par Dieu que je vous trouve soixante-dix fois plus belle qu’avant. » Elle lui répondra pareil.
Le prophète aurait dit :
Il y a au Paradis un marché où les gens viennent le vendredi. À ce moment souffle un vent du Nord qui jette une poussière sur leurs visages et leurs vêtements. Leur beauté en devient plus resplendissante. Ils retournent alors auprès de leurs épouses et les trouvent, elles aussi, plus belles et plus resplendissantes. Leurs épouses leur disent : « Par Allah, vous êtes devenus plus beaux et plus resplendissants. » Et ils leur disent : « Vous aussi, par Allah, vous êtes devenues plus belles et plus resplendissantes. »
Allah veut que les gens commettent des péchés pour qu’ils implorent son pardon.
Supposons qu’une partie des plaies sur Terre soient dues aux péchés. C’est parce qu’Allah veut être invoqué qu’il nous fait du mal ? Ce n’est pas une justification, c’est une circonstance aggravante. Quel égoïsme ! Il ne nous a pas demandé notre avis avant. Nombre d’entre nous n’auraient pas consenti à entrer dans ce jeu sadique d’Allah si elles avaient su ce qu’il comptait leur faire et qu’elles pouvaient refuser, et nombre ne consentent aucunement à y rester.
A-t-il à ce point besoin d’être invoqué ? Si c’est absolument nécessaire, il n’a qu’à faire commettre aux humains des péchés véniels qui ne causent pas trop de dégâts. Non ? il lui faut du sang, des génocides, des crimes odieux (ainsi que des dépressions et suicides en masse sur la planète) pour préserver son teint ?
Allah fait ce qu'il veut, on ne l’interroge pas sur ses agissements, il détient la sagesse absolue.
Réponse dans cette discussion imaginaire entre un croyant qui a beaucoup souffert et Allah, le soi-disant Tout-Miséricordieux, le Jour de la résurrection :
– Seigneur, pourquoi m'as-tu fait tout ce mal sur Terre ?
– De quoi te plains-tu ? Je t'offre le Paradis !
– Je ne me plains pas du Paradis, mais vous auriez pu m'y faire entrer sans me faire souffrir terriblement avant, non ?
– Je fais ce que je veux !
– Je sais bien, et donc vous auriez pu choisir de ne pas me faire souffrir, alors pourquoi l’avez-vous fait ?
En plus, en faisant cela, vous m'avez rendu difficile de vous aimer, et c’est bien naturel, de même que j'aurais du mal à aimer un humain qui, en me torturant, me dirait « mais c'est pour ton bien voyons : c'est pour que tu sois content quand je te libèrerais et cesserai de te faire du mal ! »
– Comment oses-tu mettre en doute ma sagesse et ma bonté ?! Tu es pire qu'une bête car tu ne crois plus en moi ! Va brûler en Enfer !!!
– Je n’ai pas cessé de croire en votre existence, Seigneur, mais ne pouvez-pas comprendre que me menacer de l’Enfer au prétexte que je doute de votre miséricorde, et ce, à cause du mal que vous m’avez fait sans nécessité, semble confirmer que vous manquez de justice et de miséricorde ?
Conclusion
Quelle que soit la théodicée proposée, quel que soit le plan divin dans lequel on place le mal pour tenter de lui donner un sens, Allah reste, selon la religion, le responsable ultime de maux abominables qu’il aurait pu éviter. Allah mérite donc les qualificatifs de Malfaiteur et de Tortionnaire, et doit être, dans le même mouvement, déchu des rangs de Clément, Miséricordieux, Sage etc., les premiers ne pouvant coexister avec les seconds.
Glossaire
Justice de Dieu. Partie de la théologie naturelle qui traite de la justice de Dieu, et qui a pour but de justifier sa providence, en réfutant les objections tirées de l'existence du mal. (Littré)
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