Au verset 96 de la sourate 20, le Coran présente un court dialogue entre Moïse et le Samaritain (as-Sâmiri). Le Samaritain est le personnage coranique ayant incité les Hébreux à fabriquer le veau d’or.
Problème : le Samaritain ne répond pas la même chose à Moïse suivant les versions du Coran ! Dans les versions canoniques de Hamzah, al-Kisâ'i et Khalaf, il répond en disant « vous n’avez pas vu » (lam tabṣouroû) :
﴿ قَالَ فَمَا خَطْبُكَ يَٰسَٰمِرِىُّ ۹٥
٦قَالَ بَصُرْتُ بِمَا لَمْ تَبْصُرُوا۟ بِهِۦ فَقَبَضْتُ قَبْضَةًۭ مِّنْ أَثَرِ ٱلرَّسُولِ فَنَبَذتُّهَا وَكَذَٰلِكَ سَوَّلَتْ لِى نَفْسِى ۹٦
قَالَ فَٱذْهَبْ فَإِنَّ لَكَ فِى ٱلْحَيَوٰةِ أَن تَقُولَ لَا مِسَاسَ ۖ وَإِنَّ لَكَ مَوْعِدًا لَّن تُخْلَفَهُۥ ۖ وَٱنظُرْ إِلَىٰٓ إِلَٰهِكَ ٱلَّذِى ظَلْتَ عَلَيْهِ عَاكِفًۭا ۖ لَّنُحَرِّقَنَّهُۥ ثُمَّ لَنَنسِفَنَّهُۥ فِى ٱلْيَمِّ نَسْفًا ۹۷ ﴾
Alors il (Moïse) dit : « Quel a été ton dessein, ô le Samaritain ? »
II (le Samaritain) dit : « J’ai vu ce que vous n’avez pas vu : j’ai donc pris une poignée de la trace de l’Envoyé, puis je l’ai lancée. Voilà ce que mon âme m’a suggéré. »
« Va-t-en donc, dit [Moïse]. Dans la vie, tu auras à dire [à tout le monde] : « Ne me touchez pas ! (Ne m'approchez pas !) » Et il y aura pour toi un rendez-vous que tu ne pourras manquer. Regarde ta divinite que tu as adorée avec assiduité. Nous la brulerons certes, et ensuite, nous disperserons [sa cendre] dans les flots. »
alors que dans les autres versions canoniques comme celles de Hafs et de Warch, le Samaritain répond en disant « ils n’ont pas vu » (lam yabṣouroû) :
قَالَ بَصُرْتُ بِمَا لَمْ يَبْصُرُوا۟ بِهِۦ فَقَبَضْتُ قَبْضَةًۭ مِّنْ أَثَرِ ٱلرَّسُولِ فَنَبَذْتُهَا وَكَذَٰلِكَ سَوَّلَتْ لِى نَفْسِى
II (le Samaritain) dit : « J’ai vu ce qu’ils n’ont pas vu : j’ai donc pris une poignée de la trace de l'Envoyé, puis je l’ai lancée. Voilà ce que mon âme m’a suggéré. »
Il y a donc, parmi les Sept qirâ'ât (la version de Khalaf ne fait pas partie des Sept mais des Dix), des versions erronées, et on ne peut pas savoir lesquelles puisqu’elles sont toutes considérées authentiques et récitables lors de la prière.
Si un mouslim soutenait qu’une façon canonique de prononcer un verset ne fait probablement pas partie de la Révélation (et provient par exemple de l’ijtihâd d’un transmetteur) mais que d’autres prononciations canoniques sont bonnes, cela ne changerait rien à l’affaire : cela veut dire que le message prétendument divin du Coran n’a pas été parfaitement conservé et qu’il a été altéré par la main de l’Homme.
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