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L’argument de la morale objective

Des débatteurs mouslims prétendent qu’une morale non théiste ne vaut rien car elle serait subjective, et que les athées ne peuvent donc pas comparer des morales entre elles.

Ils ne comprennent pas qu’un avis moral peut être à la fois subjectif (relativement) et objectif (relativement), et que leur morale de religieux ne peut pas être considérée absolue et est encore plus subjective que celle des athées. Nous allons expliquer cela.


Pour introduire leur argument, ils posent à leur interlocuteur athée la question insultante « peux-tu prouver que tu as plus de valeur qu’un excrément ? ».

Ils veulent affirmer par cette question, comme l’un d’eux l’a dit(1), que pour un athée, un humain, par exemple un bébé, est un amas d’atomes au même titre qu’un excrément et que les deux peuvent être écrasés.

Répondons d’abord à cette question :

1) Il est très stupide de croire comme eux que l’athée auquel ils parlent va, s’il est cohérent, se trouver moins de valeur qu’un excrément. C’est faux, les athées ne jugent pas que l’on peut écraser un bébé ou qu’un bébé a autant de valeur qu’un excrément, ils ne sont pas poussés à cela par leur athéisme.

2) On peut leur demander de préciser la question : qu’entendent-ils par « valeur » ? Ils vont sûrement répondre quelque chose signifiant : « valeur absolument objective et pas du tout subjective, c’est-à-dire valeur certifiée par une entité absolument parfaite et omnisciente, Allah ».

On peut leur répondre : Allah n’existe pas donc la valeur telle que vous la définissez ne peut pas exister, votre question est donc illogique.

En revanche, une valeur relative aux êtres humains, définie ou ressentie par eux, peut exister. Et c’est le cas chez les athées : ils peuvent prouver qu’ils sont supérieurs à quelque chose selon des critères qu’ils choisissent et qui eux, existent, qui ont un sens pour eux et qui sont d’ailleurs plus bénéfiques et moins nuisibles que les valeurs religieuses.

La différence avec vos valeurs, c’est que vous vous interdisez de choisir vos propres valeurs (notamment d’écouter votre sens moral naturel) et vous vous obligés à choisir celles d’autres humains, immoraux, du passé lointain car vous pensez à tort qu’elles viennent d’un dieu, un dieu particulièrement cruel et injuste qui plus est.


Quelqu’un m’a demandé pourquoi ces mouslims répétaient cette question, où est-ce qu’ils voulaient en venir.

C’est parce qu’ils essaient de prouver que l’islam est meilleur que l’athéisme car l’islam aurait un système de valeurs objectif tandis que les athées ont, prétendent-ils, un système de valeurs subjectif et que les athées ne peuvent donc pas prouver que quelque chose est bien ou mal ou meilleure qu’une autre, et ne peuvent donc pas imposer leur morale aux autres, tandis que l’islam pourrait logiquement imposer sa morale.

Tout est faux dans cet argument.

Premièrement, on constate que les athées ont bel et bien un système de valeurs et une morale, et que c’est logique qu’ils en aient car ils peuvent tout à fait définir le bien et le mal (ces mouslims nient cela), en se fondant en plus sur des critères objectifs : telle chose, par exemple l’excision islamique des petites filles, fait beaucoup de mal, donc on trouve ça mal et on l’interdit.

Deuxièmement, la morale des mouslims est très subjective, pour deux raisons :

1) Les mouslims sont des êtres humains, et leur avis que l’islam est vrai et que sa morale est bonne est donc subjectif, même s’ils sont certains d’avoir raison. Globalement, tout avis d’être humain a un certain degré de subjectivité, parce qu’un humain est faillible, non omniscient et imparfait et peut se tromper ; il peut même se tromper tout en étant convaincu d’avoir raison.

La morale des mouslims n’est donc pas plus objective que n’importe quelle autre morale qu’ont les humains : elle ne peut pas être absolument objective, du point de vue d’un humain(2).

2) La morale des mouslims est même moins objective que celle des athées, et c’est chez les mouslims que les mots « bien » et « mal » n’ont aucun sens logique et juste, car chez eux « bien » ne veut pas dire « ce qui fait du bien, que l’on constate faire du bien » mais « ce que notre Livre nous dit être bien même si on constate que ça fait du mal ou que c’est injuste dans la réalité » et « mal » ne veut pas dire « ce qui fait du mal et cause de la souffrance injuste » mais « ce que notre Livre nous dit être mal, même si on constate qu’en réalité ça fait du bien ».

Troisièmement, l’argument de ces mouslims est incohérent avec leur action de prêcher l’islam et de vouloir convertir les gens. En effet, ils prétendent qu’un athée ne peut logiquement pas, avec son système de valeurs, savoir si telle chose est bien ou mal et meilleure qu’une autre… donc il ne devrait logiquement pas pouvoir se rendre compte que l’islam est meilleure qu’une autre idéologie, alors pourquoi essaient-ils de nous convaincre que l’islam est juste et meilleur ?

Conclusion : la morale, et plus largement les avis, de n’importe quel humain, qu’il soit croyant ou athée, ne peuvent être globalement que relativement objectifs (et donc en même temps relativement subjectifs), ou bien totalement subjectifs. Et la morale qui se rapproche le plus d’une morale totalement subjective et pas du tout objective, c’est-à-dire qui contredit l’observation et la science, c’est la morale islamique, la morale religieuse.

Notes de bas de page

(1) Dans ce débat de Yanis au sujet des versets sataniques : <lien YouTube>.

(2) Même si une morale absolument objective existait, seul un être capable d’être absolument objectif pourrait le savoir sans aucune subjectivité, un être humain ne peut donc pas prétendre que sa morale est absolument objective et en faire un argument, car il ne peut le savoir qu’avec subjectivité relative ou totale, étant humain, et ce même si un être qu’il pense absolument objectif lui disait qu’elle est absolument objective.

Leur argument est trompeur et mène au fanatisme car il passe sous silence le fait que leur morale ne peut être considérée, au mieux, que relativement objective et pas absolument, comme toute autre morale, et que l’on ne peut donc pas agir comme s’il était impossible d’avoir tort, même quand on est sûr que l’islam est vrai.

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